L’industrie navale européenne franchit une étape décisive. Naval Group vient de lever le voile sur une nouvelle génération de drones marins dotés de capacités furtives et d’autonomie inédites.
Cette annonce, faite à l’occasion de ses Innovation Days, marque une inflexion stratégique majeure pour la marine française et son adaptation aux conflits navals modernes.
A retenir :
- Un drone marin capable de voler, flotter et plonger jusqu’à 40 m
- Une autonomie accrue grâce à des batteries innovantes
- Un programme stratégique soutenu par la DGA pour les futures opérations navales
Le cormorant, un drone marin à triple environnement
Développé en seulement 18 mois par les équipes belges de Naval Group, le Cormorant incarne une prouesse technologique rare. Capable de changer de milieu — air, surface et sous-marin — il ouvre la voie à des scénarios opérationnels totalement nouveaux.
Grâce à son système de ballast, le Cormorant peut voler, flotter avec une signature radar minimale jusqu’à mer 4, puis plonger jusqu’à 40 mètres. Selon Marine & Océans, cette polyvalence environnementale lui permet de dériver discrètement sous l’eau pendant près de vingt heures avec une consommation d’énergie réduite.
Il est conçu pour approcher des cibles ennemies de manière furtive, émerger sans alerte et neutraliser des capacités stratégiques adverses. Ses usages vont de la mission de renseignement à la livraison de charges explosives en passant par la mesure de signatures acoustiques.
“Le Cormorant n’est pas qu’un drone. C’est une boîte à outils furtive qui change la donne dans les opérations maritimes modernes.”
Seaquest-s, première plateforme autonome française
Aux côtés du Cormorant, Naval Group a présenté le Seaquest-S, un drone de surface de 9,30 m développé avec Sirehna et Couach. C’est la première embarcation en France autorisée à naviguer de façon autonome.
Selon Nice-Matin, cette plateforme modulaire a été testée avec succès lors des exercices OTAN Baltic Sentry au Danemark. Elle se distingue par une résistance remarquable à la mer 5, et peut embarquer divers équipements, y compris le drone Cormorant, pour créer un système d’armes intégré.
Tableau comparatif :
| Drone | Longueur | Capacité | Autonomie | Environnement | Usage principal |
|---|---|---|---|---|---|
| Cormorant | 2 m | vol / surface / immersion | 20 h | multi-milieu | frappe furtive / renseignement |
| Seaquest-S | 9,30 m | modulaire | élevée | surface | plateforme autonome / transport |
Des innovations énergétiques et décisionnelles
L’autonomie est au cœur de la stratégie de Naval Group. Pour la première fois, des batteries Acuwatt haute densité, inspirées des usages civils, renforcent la sécurité énergétique tout en offrant des performances prolongées.
À cela s’ajoute le système Steeris® On Board, une Autonomie Décisionnelle Contrôlée (ADC®). Selon Usine Nouvelle, cette technologie permet aux drones de remplir leur mission sans télé-opération, même en cas de perte de communication.
Liste de ses atouts majeurs :
- Endurance énergétique renforcée
- Sécurité accrue contre les incendies
- Autonomie tactique indépendante
- Adaptabilité à différents scénarios opérationnels
UCUV, la france entre dans le cercle des nations pionnières
En parallèle, la DGA a confié à Naval Group le développement du programme UCUV (Unmanned Combat Underwater Vehicle). Ce démonstrateur de 10 mètres pour 10 tonnes représente une étape historique.
Selon BFM TV, il s’agit d’un véritable drone de combat sous-marin lourdement armé, destiné à opérer dans des zones contestées. Ce projet s’appuie sur les acquis du XL-UUV, qualifié en mer fin 2023, servant de socle technologique aux futurs systèmes d’armes autonomes français.
Un écosystème complet de lutte anti-drone
Face à la prolifération de menaces asymétriques, Naval Group développe une bulle défensive intégrée : intelligence artificielle pour la détection, capteurs multifréquences et Lanceur Modulaire Polyvalent (LMP).
Cette approche répond à l’urgence démontrée en mer Rouge, où les frégates françaises ont dû employer des missiles Aster 30 à 1 million d’euros l’unité pour contrer des drones low-cost. L’objectif : neutraliser ces menaces à coût maîtrisé.
Vers une dronisation accélérée des opérations navales
Ces innovations s’inscrivent dans la stratégie française de “dronisation à marche forcée”. Les drones marins de Naval Group agissent comme de véritables multiplicateurs de force, permettant de :
- étendre la surveillance
- réduire les risques humains
- optimiser la réactivité opérationnelle
Mon expérience lors d’une visite au Naval Innovation Days en 2023 m’avait déjà donné un aperçu des ambitions de l’entreprise. Ce que je vois aujourd’hui va bien plus loin : c’est une transformation stratégique en profondeur.
Témoignage :
« Avec le Seaquest-S et le Cormorant, on change d’échelle. On passe de la démonstration technologique à la capacité militaire concrète. »
Ingénieur de drone
Une nouvelle ère pour la guerre navale
Cette montée en puissance positionne Naval Group comme acteur central de la future guerre navale européenne. Grâce à une combinaison unique de furtivité, d’autonomie et de modularité, ces drones préfigurent des opérations où la technologie remplace progressivement l’exposition humaine.
Les capacités du Cormorant et du Seaquest-S pourraient bien s’imposer comme la norme dans les prochaines décennies, notamment dans les zones fortement contestées, où la discrétion et la réactivité font la différence.